Planète Blanche

D'après une idée de Jean-Jacques Oppringels, déformée et écrite suivant mon style propre.
Avec mes remerciements à Deuxcent Cinquanteetun pour la cohérence des détails techniques (que j'espère avoir bien compris, ne lui en voulez pas s'il y a des incohérences :-)
Et à mon fils pour ses remarques pertinentes.
Suite à un commentaire bien-fondé d'un ami, je ne mettrai plus de courts textes sur le blog car cela n'a aucune inutilité mais dans le cas présent, il y a vingt-deux pages.
Si je vous ai importuné avec cela, j'en suis sincèrement désolée.
Et s'il vous plaît, aidez-moi, toutes les remarques négatives sont primordiales pour mes autres nouvelles:-)


Planète Blanche




L'an trois-mille cinq-cent-trente-trois


Freebe a dix-sept ans mais se sent parfois envahie par une lassitude profonde comme si elle quatre-vingt-dix ans.
Elle a parfois du mal à respirer, à tenir en équilibre, à dominer les membres de son corps qui s’en vont dans tous les sens, qui deviennent dures comme de la roche ou friables comme du verre.
Elle a des instincts de recul vis-à-vis de certaines personnes qu’elle rencontre dans la rue, des avertissements de danger, des impératifs lui suggérant de les détruire.
Freebe a peur, ne se sent pas de ce monde. Aucun souvenir, le vide quant à ses relations. Quand elle observe les gens, elle est prise d’angoisses. Tous ont une famille, des parents, des frères, des sœurs ou des tantes… un clan pas toujours enviable mais existant, s’embrassant, se querellant.
Elle, personne à câliner, à aimer, à embrasser. Un manque énorme mais chacun de ses sourires passent inaperçus comme si elle était invisible.
Les magasins proposent des algues, des insectes, des capsules aux saveurs différentes qu’elle ne reconnaît pas.
Le sable lui semble infiniment meilleur, l’eau de mer délicieusement salée.
Elle a compris depuis longtemps qu’elle devait se taire sous peine de passer pour une originale.


Elle vit dans un studio minuscule, quelques meubles, aucune décoration.
Comment est-elle arrivée là, qui paye son loyer, comment sait-elle lire, écrire, avoir des connaissances exponentielles sur le monde, les matières enseignées?
Pourquoi s’assied-t-elle et remplit des feuilles blanches d’équations, de renseignements sur l’univers, pourquoi se projette-t-elle dans l’espace ?
Dans quel but?
Pourquoi est-elle sur terre?


Freebe se promène le long de la plage. Elle tremble, voit ses mains ridées, est fatiguée.
Plus rien n'est pareil à hier. Ce qu'elle perçoit est hallucinant. Sa vision du monde s'amplifie. Ses yeux deviennent transparents, elle pénètre dans un monde parallèle. L’eau de mer s'évapore, le sable se transforme en blocs durs. Ni roches ni galets mais des pierres rouges incandescentes. De l’autre côté du miroir, une combinaison thermique l'enveloppe pour la protéger. Personne autour d'elle.
Les édifices s’effondrent et deviennent une masse gluante absorbée par le sol, font des inégalités profondes, des trous vastes impossibles à franchir.
Elle discerne les forêts détruites, asséchées, les arbres couchés sur le sol, n'y voit aucune coupure, juste le tronc ridé,  les animaux agonisants, les humains allongés sur le sol, exsangues. Les champs de blé ont disparu, la flore également...
Les montagnes perdent mètre par mètre, pétrole, plastiques, les richesses de la Grande Barrière explosées.
Les glaciers fondants, un cauchemar pour l'humain, la flore, l'animal.
Les volcans sont en surexcitation. Des émissions de lave, des émanations de gaz rendent l'air irrespirable.
Vision apocalyptique.


Un homme est derrière Freebe, jeune. Il fait son jogging matinal et s’arrête net.
Quelque chose d'étrange se joue sous ses yeux, une femme au corps jeune et au visage ridé ferme les yeux, bras ouverts.
Il n’ose l’approcher mais se sent lié à elle d'une façon qu'il ne sait pas expliquer. Il sent qu’elle est en danger, qu'il a une disposition naturelle à la protéger.

Les connaissances bouillonnent à l'intérieur d'elle.
Elle court de longues foulées, se réfugie dans son studio,
Toujours les mêmes questions : pourquoi, pourquoi cet isolement?
Quels présages lui envoie-t-on ?
Elle entend des murmures partout.
Qui parle, qui s'introduit dans son esprit, qui lui envoie des images de massacres, d'éclatement de la terre.
D'un pas tremblant, elle va vers la mer, s'abreuve et se nourrit.
L'homme est là alors que dix minutes plutôt, il se promenait au centre de la ville. Le spectacle est ahurissant. Les mains de la jeune femme deviennent translucides au fur et à mesure qu'elle engloutit les éléments de la nature.

Freebe se transforme, ses yeux deviennent encyclopédie.
Elle assimile tous les livres, les documents sur Internet, les recherches de la NASA classées top secret.
Plus aucun sens à la vie sur terre, la vision d'un avenir mort, les tremblements de terre.
Elle a du mal à respirer, manque d'oxygène, se sent faiblir.
Elle sait qu'en elle se renferme l'apocalypse, que sa durée de vie sur terre sera de courte durée.

Freebe va à l'Observatoire royal.
Elle voit l'écran géant de la galaxie, un milliard d'étoiles.
Beauté infinie. Une pluie d'argent, de diamants volant dans l'espace immortel dont elle s'imbibe.
Elle comprend le but de sa mission, la raison de sa transformation. Sauver la planète Terre vouée à s'éteindre peu à peu, protéger tous les humains, ce qu'il restera du monde animal, de la flore.
La seule connaissance qu'elle ignore, est le délai qu'il lui est accordé pour trouver une autre planète habitable, les planètes inconnues du système solaire.
Freebe continue à lire, absorbée sans se rendre compte de la présence de l'homme.
Il la suit comme son ombre, partout. Il ressent ce qui s'agite à l'intérieur de Freebe. Son besoin d'amour, sa tendresse à donner et peu à peu ses sentiments pour elle deviennent clarté, tendresse.
Freebe aime la poésie, la musique, les photos en noir et blanc qu'elle voit ou entend lors d'une promenade dans la rue. Dans sa poche, toujours la même poésie, trouvée par hasard sur une table de bistrot. Aucun nom. La poésie parle de nuages,de pluie, de cieux, de planètes.
Elle a toujours été en relation avec les débordements qui se dévoilent dans la nuit profonde.
Elle aime la beauté.

Freebe se dépêche avant la fermeture de la bibliothèque royale.
En filigrane sur les murs, le centre de la terre, un enfant dans le ventre de sa mère.
L'humanité, inconsciente, s'amuse, pleure d'histoires d'amour, jouit de sensualité mais aussi, meurt de faim, de guerres, d'épidémies...
Ses forces diminuent très lentement. Elle se cogne contre les murs comme enfermée dans un filtre dont elle ne sait pas sortir.
Elle est prise de tremblements irrépressibles.
Une longue expédition, un cheminement vers une paix universelle, une régulation des religions, l'opulence abolie entre les riches et les pauvres, une écologie drastique, la couronnement de sa mission.
Impossible sur terre.
L'homme, derrière elle, patiente.

Freebe s'enferme.
Derrière les cloisons de la cave de la bibliothèque, il y a dix cartons de livres à enregistrer, à classer par les employés qualifiés.
Elle sait qu'il lui manque un élément important et cherche. Cette fraction minimale vient des temps anciens. Quoi, aucune idée.
Elle doit trouver une planète habitable.
Où chacun pourra se reconstruire.
Prendre le bonheur dans un autre ciel, une autre terre plus ou moins fertile mais des étendues à fouler comme le sable d'ici.
Freebe rêve... Musiques, banjos, guitares, harpes, pianos... Étonnants entremêlements qui lui viennent subitement en rêves.
Un monde incertain, traduit seulement par les télescopes, les calculs, le mécanisme humain, comprendre, aller de plus en plus loin dans l'absolu inconnu.
Freebe songe.
Une arche de Noé des temps modernes... Un milieu harmonieux où elle sait qu'il y a une place quelque part pour les accueillir.
Avec toutes les données accumulées, elle sait que la terre sera bientôt éclatée.
Des millions de planètes mais une seule idéalement positionnée par rapport à son étoile, aux dimensions compatibles à celle de la Terre et rocheuse.
Où se trouve-t-elle ?
Elle décide d'aller dormir quelques heures.
Ses yeux clairs ont un éclat particulier, une intelligence hors du commun.

Elle se trouve dans une classe vide. Un tableau blanc, des craies.
Équations sur équations, absorbée.
Elle ne voit pas les scientifiques autour d'elle qui supputent sur la vraisemblance de ses écrits.
Les rumeurs sont parvenues jusqu'à eux.
Comment ? Nouvelle énigme.
Freebe ne les voit pas.
Elle écrit, calcule, pense, efface. Une vitesse folle, elle murmure, est dans un état second.
Millimètre par millimètre, elle crée son regard d'approche.
Elle va avoir besoin d'aide. Ne saurait pas réaliser la tâche toute seule. Des années d'études, elle n'a pas le temps.
Les gens du planétarium. Eux seuls avec l'aide des autres nations. Ils ont dû s'apercevoir de la catastrophe qui plane sur la terre tel un vautour autour de sa proie.
Des infos ont été répandue via les médias mais ils se sont tus sur pas mal de choses.


A nouveau, Freebe mue.
Elle se transforme en Caverne Bleue.
Voit une rue sombre alors qu'il est treize heures. Personne. Des bâtiments gris à moitié renversés, abandonnés, plus aucune végétation.
La plage, la mer devenue étendue sèche.
Plus de restos, de bars, solitude absolue.
Fin de la terre.
Hallucinations, elle titube, est faible, impuissante. Elle est confinée dans la Caverne, il faut qu'elle retrouve son apparence.
La conscience de son immatérialité sur terre.
Ses mains se rident et redeviennent lisses, immédiatement.


Elle mange, boit, s'assied, épuisée.
Elle sent une main sur son épaule. Elle sursaute, se retourne, voit l'homme.
Elle perçoit la tendresse, la complicité dans les yeux bleus.
Serait-ce lui qu'elle attend ?
Il la prend dans ses bras, l'enlace doucement.
Elle se sent bien comme elle n'a jamais été.
- Il me semble te connaître. Tu es chargé de veiller sur moi ? Qui es-tu ?
- Je suis Aran. Je vais prendre soin de toi. Nous allons vivre vivre ensemble, ne jamais nous quitter d'une semelle.
- Qui t'a donné les consignes ?
    - Un matin, j'ai su, je t'ai vue dans ma chambre. Une vision. Des pensées, des voix, des rêves qui m'ont conduit jusqu'à toi.
    - Est-ce que tu sais pour la Terre ?
    - Oui, je sais, la destruction totale.

Ils se dirigent vers le planétarium.
Ils montent au cinquième, le plus prêt possible des étoiles.
Pas inconscients sur la dangerosité de leur mission mais complices, un fin de solitude pour Freebe, une poussée en avant pour Aran.
Les astrophysiciens, des jeunes, acharnés devant leurs écrans en grande dimension. Matériel plus sophistiqué, télescopes géants, planètes que l'on peut toucher du doigt.
Les ingénieurs vont d'une machine à l'autre, ils parlent peu.
Ils ont des formations scientifiques différentes, créent et croient à la sérendipité qui va peut-être leur donner une découverte dans un autre contexte de circonstances.
Aran et Freebe se dirigent vers eux.
Freebe assimile le tout d'un balayage des yeux.
Un homme les regarde. Il s'interroge sur leur présence.
Aran et Freebe le rejoignent et commencent à expliquer depuis le début l'histoire qui se joue à l'insu des humains.

- Nous vous attendions...
- Comment ça ?
    - L'équipe vous a repérée devant le tableau blanc.
    - Où étais-je ?
    - Dans un laboratoire hautement scientifique qui vous a projetée vingt ans en avant, le moment où la terre se dégradera de façon phénoménale
- Vous saviez. Vous avez des solutions ? Des facilités, des collaborations avec d'autres pays ? Nous avons vingt ans maximum pour la trouver.
- Il faut des moyens faramineux pour se lancer dans cette recherche. Je ne sais pas si l'ensemble des nations seront amènent d'y collaborer. Difficile, inéluctable, je pense.
- Nous n'avons que des notions mathématiques, rien de concret, interrompt un scientifique. On étudie ce phénomène depuis des décennies et quasi rien de nouveau à ce sujet. Et si une planète existe, la possibilité de retour est actuellement impossible. Qui envoyer les premiers ? Pas les chercheurs. Nous en avons trop besoin.
- Je pourrais y aller seule ou avec Aran s'il est d'accord. Et chercher une planète très semblable à la nôtre. Le contact entre nous devrait rester possible. Et la possibilité de retour aussi. Je le sais au fond de moi, j'ai des pouvoirs dont je ne connais pas l'origine. Tout ce je sais, est que je ne suis pas une terrienne.
- Comment cela, pas une terrienne ? Comment le sais-tu, demande Aran ?
- Je le sais, j'ai été propulsée ici, pour vous aider.
- Mais tes sentiments....
- Je sais mais je mange aussi du sable, boit de l'eau de mer, me transforme, me sent vieillir...
- Et nous, notre complicité..
- Je ne sais pas Aran, je ne sais pas.
- C'est de la science-fiction, s'oppose un membre dubitatif. Nous n'avons jamais abouti ! Il faut dépasser Mercure !

Pensive, elle s'éloigne. Elle doit trouver. La douleur qui s'empare d'elle peu à peu se fait violente. La tête, les bras, les jambes. Elle manque de sable, d'eau, elle doit retourner vers la côte.
Aran la suit. Leurs yeux changent, d'une brillance étrange.

L'évolution est la raison d'être des scientifiques. Pas de famille, pas d'enfants, tout entiers tournés vers le cosmos. Les nouvelles connaissances, les défis de la science en font des êtres écrasés de sciences.
Les Robots ont changé depuis leurs débuts. Leurs mains deviennent bleues fluorescentes pour détecter toute évolution dans l'univers. Ils parlent et parfois, se glissent dans leurs regards, des sentiments. Une intelligence artificielle phénoménale et les Robots transmettent leurs savoirs à l'homme mais ce n'est pas suffisant.
- Laissez-nous trois jours, impose le Maître. Nous contactons les grandes puissances.

Aran et Freebe sont dans le parc. Ils se taisent.
Des projets plein la tête d'Aran, il veut être spécialiste dans l'évolution des Robots. La performance à atteindre et il ne sait comment va évoluer son futur. Vingt ans sur la Terre, ne pas avoir le temps nécessaire. Seulement aimer Freebe qui n'est pas humaine et lui est comme une seconde peau.
Leurs yeux se font sensualité, rêves, désir et jouissance. Vivre les trois jours comme les derniers de leur existence.
Leurs mains s'unissent.
Ils se lèvent en direction de l'appartement d'Aran.
Ils n'en sortiront que trois jours plus tard.

- Vous pouvez partir, dit le Maître si vous êtes toujours d'accord.
- Nous le sommes.
- Vous serez quatre, plus les Robots et les drones.
Les Robots ont la mission de vous protéger. Vous voyagerez dans l'espace-temps où l'espace est courbé pour parcourir des distances énormes en un rien de temps. Nous avons découvert une planète blanche, quatre en fait. Par hasard, en mettant ma main parallèle à Mercure.
- Je sais, dit Freebe, je les ai vues cette nuit. Mais je ne sais pas laquelle sera habitable. Je cherche.
Ses yeux deviennent lumière aveuglante, impossible à regarder. Sa peau mute, en écailles, entièrement. Elle éclate en molécules, en atomes. Elle tremble, murmure la langue étrangère. Ils entendent mais ne comprennent rien. Elle est en transe.

- Stop, Freebe ! Arrête ça immédiatement, nous avons besoin de toi ! Stop, hurle le Maître en la secouant. Trop tôt, beaucoup trop tôt !

Les écailles tombent, sa peau peu à peu, redevient blanche. Seuls les yeux gardent l'éclat.

- Quand partons-nous ?
- Les techniciens travaillent d'arrache-pied. Reposez-vous.

- Qu'allons-nous faire, Aran ? En attendant ?
- Dors un maximum, que les rêves t'envahissent et que les connaissances viennent à toi de plus en plus précises.
- Et toi ?
- Je veillerai sur toi, te donnerai les forces nécessaires. Du sable, de l'eau.

Elle le regarde, l'aime. Des sentiments humains lui ont été donnés. Malgré les révolutions, les guerres déclenchées par les religions, l'ère des Robots, les humains qui deviennent complètement indifférents les uns par rapport aux autres, elle se sent envahie d'amour pour Aran.
La similitude des sensations, la compréhension.
Ils s'embrassent tendrement avant que Freebe ne se couche et s'endorme.

Son visage se contracte. Aran lui prend la main.
Elle rêve de la Caverne Bleue avec des flashmètres pour mieux guider la population à venir.
Des milliards d'humains mais aussi des animaux dans un temps migratoire qu'elle ne peut définir.
Il faudra emporter des composantes nutritionnelles pour comparer mais aussi des extraits de roches, des flacons d'air, des combinaisons thermiques. Il faut aussi pallier au fait que le vaisseau dépassera les rayons du soleil et trouver une autre source de propulsion comme le mécanisme classique des réacteurs des avions qui au lieu de compresser l'air, compresseraient la matière sombre.
Freebe s'enfonce plus loin encore. Comment avoir le matériel nécessaire si celui emporté est détruit ?
S'ils s'engouffrent par erreur dans le Tunnel noir vers la destruction totale ?
Freebe devient bleue à nouveau. Frémissement de tous les membres, yeux ouverts rouges. Lévitation.
Aran n'ose plus la toucher.
Freebe voit des êtres ressemblant aux humains. Oreilles courtes, lèvres juste en-dessous de la paroi nasale comme pour mieux inspirer. Des arabesques de fumée blanches s'échappent d'eux. Grands, un mètre-quatre-vingt-dix pour le moins. Les habitants sont paisibles.
Freebe voit des multitudes de détails de la Planète. Des maisons de trois-cent mètres carrés. De l'eau en cascade, partout.
Des arbres, racines vers le haut, des fleurs neigeuses, les terres macro synthétiques pour la résistances aux chocs, pour empêcher la fissuration suite aux coups de météorites.
Terre orangée, Freebe devient orange, devient terre devient arc-en-ciel.
Écologie, hydrobiologie, Freebe découvre l'anoxie, une espèce de boue avec une diminution de l'oxygène dissout ou présent dans le milieu du sol.
Elle passe d'une planète à l'autre . Aucune semblable. Pas d'étoile rouge.
Les fonds nécessaires à une pareille expédition ?
Dans la durée de l'espace-temps, il leur faudrait 120 jours. Mais l'intervention des Robots va jouer. Les scientifiques bénéficient de technologies hautement développées que le commun des mortels ne comprendrait pas. En deux mille sept-cent, inimaginable.
Actuellement, quasiment aucune limite.
Elle revient à la Planète Blanche et décide de miser le tout pour le tout et de s'y rendre.

Freebe ne se réveille plus. Sa respiration est sifflante, ses jambes, ses bras demeurent immobiles. Elle mue, sa peau devient aveuglément blanche.
Inquiet, Aran appelle le Maître.

- Depuis combien de temps est-elle dans cet état ?
- Plus de notion de temps dans cette pièce.
- Le blanc, depuis combien de temps ?
- Pas longtemps.
- Trois jours, plus, moins ?
- Je ne sais pas. Les vaisseaux sont prêts ?
- Les robots sont prêts, les drones aussi, les vaisseaux, matériel... Il faut que Freebe se réveille. Ne la quittez pas, elle sera différente, proche d'un Robot. Plus elle deviendra blanche, plus vite, elle se réveillera.
- Sinon ?
- Elle va mourir.

Aran pleure. Sa déesse s'en va ailleurs. Elle mue sans cesse. Comme posée sur des nuages de soie. Il ne sait comment faire pour la retenir.
Ils auraient dû s'enfuir. L'aimer encore davantage.
Parfois, il met la musique à plein volume en espérant qu'elle murmure d'arrêter ce tintamarre.
Il baisse le son, lui fait avaler le sable et l'eau et se prépare une pizza. Les trois quarts à la poubelle.
La peau de Freebe est lisse. Translucide. Il n'a même plus envie de lui prendre la main. Ce n'est pas sa Freebe. Elle éclatait de bonheur, de suavité, de sensualité à ses côtés. Se lovait dans ses bras, le caressait et doucement, ils sombraient dans le sommeil.

Aran sort. Besoin d'air, il devient fou.
Il se promène sur la digue, regarde les grands oiseaux blancs voler. Il est au sommet d'une falaise, observe les dénivellations, les roches brunes. Le brouillard tombe. La pluie, tout à coup, ruisselle. Des torrents d'eaux alors que trois mètres plus loin, le soleil brille. Glaciale, l'eau. La grêle s'abat, claque sur sa peau.
Il voit ses mains, blanches, sans aucune tache. Il comprend immédiatement.

- Freebeeeeeeeeeeeee, hurle-t-il, Freebeeeeeeeeeeeeeeeeee.

Il court comme un fou, ouvre la porte, la voit dans le lit, délavée, blême, crayeuse comme la lune mais d'apparence humaine.
Il s'agenouille, la prend doucement dans ses bras, la couve du regard.
- Oh, Aran, qu'est-ce que tu fais debout à cette heure ? J'ai encore envie de dormir.
Fou-rire d'Aran. Il la prend dans ses bras, la colle contre lui, la promène dans tout l'appartement en riant. Pas plus lourde que trente-cinq kilos.
Freebe ressent Aran à l'intérieur d'elle-même. Dans ses tripes, son ventre, ses jambes mais sait qu'il a perdu le pouvoir de la protéger.
Titubante, elle se dégage et passe devant le miroir.
- Déjà, murmure-t-elle. Le rouge de mes joues, les variations de couleurs, les poils sur ma peau ? Mes cheveux !
Sa fin se rapproche dangereusement.
Elle va dans la cuisine, se renverse du café sur la main. Il s'évapore immédiatement, un nuage désagrégé. Se rend compte que pour elle, tout l'appartement est transparent. Elle peut voir au-delà des cloisons.
Elle lève la tête. Plus d'étages. Une immense pièce où les gens semblent flotter, ondoyer. Une immense pièce où il n'y a pas de fond, pas de surface.
Elle est seule à percevoir, à comprendre. Son pouvoir a triplé, quadruplé et des centaines de fois plus. Des impressions plus larges, aucune idée de l'époque où elle se trouve. Hors de l'espace-temps.
Aran lui explique sa dernière métamorphose.
- Il est temps, Freebe de rejoindre le laboratoire. Ils nous attendent.
- J'ai peur. Je n'ai plus de forces.
- Viens dans mes bras.
- Quel âge as-tu ?
- Vingt-sept ans
- Et moi ?
- Je ne sais pas.

Le laboratoire.
Les yeux de Freebe sont lance-flammes rouges, embrasement spatiale et temporelle, dont les humains doivent se protéger.

- Le vaisseau est prêt, dit le Maître. Les Robots enverront les messages sur terre en trois minutes maximum. Les drones vous protégeront d'attaques possibles.
Vous superviserez le tout et si Freebe devient Caverne Bleue à nouveau, vous sortirez dans l'espace pour déterminer ce qui se cache derrière, la qualité de la terre, la présence d'eau et d'oxygène. La présence d'autres individus peut-être, la flore, la faune.... Et surtout, la planète blanche.
- Tout est réuni en un cercle, dit Freebe. Je vois des hommes, des enfants dans un bonheur extrême. Je vois cet endroit mais je me suis réveillée trop tôt. Je ne sais pas les situer mais ils existent. Il y a une étoile rouge. Nous chercherons et nous trouverons. Le ravitaillement, des capsules. Du sable et de l'eau pour moi-même.
- Encore un détail très important dit le Maître, en regardant Freebe et souriant pour la première fois.
Il montre les combinaisons. Un assemblage blanc fin et léger avec des arabesques de blanc et de noir résistant aux températures extrêmes.
La visière, gris foncé.
- Ces combinaisons vous permettront de déjouer la dépressurisation. Vous aurez constamment une pression satisfaisante. Il a été testé en double pression ce qui maintiendra une température constante et la pression basse. De l’oxygène en suffisance et l'évacuation de l'humidité corporelle. La possibilité de l'enlever trois heures par jour.Vous avez des questions ?
- Non...
- Nous ne savons pas l'âge de Freebe. Dix-sept ans ne veut plus rien dire avec ce que nous savons. Vous risquez de mourir dans le vaisseau.
- Je vais y mourir mais je trouverai la Planète Blanche avant.
- Même en restant parmi nous ?
- Oui.

Aran est décomposé. Sort de la salle, il n'en peut plus. Il regrette d'avoir été choisi comme protecteur. Il aime Freebe, une non-humaine qui va mourir. Il hurle à l'intérieur de lui. Impossible cette union, a envie de s'enfuir mais il a promis. Il doit tenir, se taire, faire semblant. Pourquoi ces gens d'une autre planète ont-ils donné dix-sept ans à Freebe ?

- Voici le vaisseau spatial, dit le Maître. Il ressemble à un avion d'une période lointaine qui compressera la matière sombre.

Freebe observe, devient noire avec des zones de lumière dispersées. Elle est étoile rouge. Des habitants l'appellent, étranges mais bienveillants. Elle se laisse emporter par leurs sourires, vogue, est dans un état hallucinatoire.
Elle voit un homme, nu.
Le dialogue s'installe entre eux.
- Je t'en prie, laisse-moi voir où tu te trouves précisément.
- Non, Freebe.
- Les gens qui m'accompagnent sont pacifiques. La Terre est condamnée.
- Je sais, je vous observe. Redeviens humaine, Freebe, tu auras besoin de force. Quitte cette enveloppe qui te cache aux humains. Sois Freebe avec cette capacité exceptionnelle d'extrapoler.

Ils sont partis, montés un à un, vêtus de blanc dans le vaisseau.
Les ordinateurs sont en place, télescopes, techniciens à l'écoute. Trois jours se sont écoulés. Concentration maximale des ingénieurs mais aucun bruit, aucune fréquence. Le vaisseau est silencieux, disparu. Ils savent que sa vitesse est phénoménale, plus grande encore que lors des expéditions vers Jupiter, Saturne et autres planètes lointaines.
Les drones contribuent et l'infini se rapproche de manière vertigineuse.
Les Robots se parlent entre eux, la langue étrangère que Freebe comprend.
«C'est une expédition folle.... mission quasi impossible, espace-temps qu'ils traversent à une allure infernale, leurs cerveaux vont éclater ».
Il y a des soubresauts dues à l'allure effrénée... les vents stellaires.... les comètes les effleurent.
En quelle année sont-ils ? Impossible à définir.
Les trous de ver remplissent leurs rôles à merveille.


Freebe songe. Elle a oublié les musiques qu'elle aimait le peu de temps de son passage sur terre. Elle commence à comprendre l'isolement dans lequel ils sont. Animée par la force puissante qui ne lui laissait aucun moment de répit pour aller à la recherche de la Planète Blanche, elle a oublié les connaissances apaisantes.
Elle attend le passage des Robots pour s'alimenter, pour discuter avec eux du merveilleux espace qui s'offre. Étoiles miroitantes, planètes en mouvement, elle vit dans une lumière artificielle jamais perçue auparavant. Les mondes parallèles lui offrent de quoi se définir, d'entrer dans l'autre dimension d'elle-même. Elle a vu son double, une impression différente du miroir. Un double de l'homme nu.
Aran lui sourit, il sera bientôt l'heure de se débarrasser de la combinaison. Aucune intimité entre eux sauf s'embrasser délicatement. Plus aucune envie de la part de Freebe sauf celle de la tendresse. Pour combien de temps ? Elle sent lentement les connaissances s'amoindrir.
Elle enlève la combinaison. Mal de tête atroce, ses jambes se dérobent, elle ne contient plus ses mouvements. Ce sont les prémisses de sa mort prochaine.
Ils vont en deçà de leurs vies, dans la profondeur de leur hibernation, dans les cellules innovantes de leurs vies. Sa peur augmente, lui retirer ce qui lui a été donné. Elle est naissance et mort. Elle écrit quelques mots sur une page, abandonne. Vidée de mots, elle va au hublot et imprime les éléments à sa façon.
Ils approchent de Pluton. Freebe est Robot. Se cache en elle pour quelques minutes à peine un ensemble de conjonctures, de contradictions, de peurs.
Qu'auraient fait les humains sans cet amoncellement de connaissances qu'elle abrite encore à l'intérieur d'elle ? Elle ne doute absolument pas que les scientifiques y seraient parvenus mais dans combien de temps ? L'urgence de la situation la fait paniquer.
Dépasser Mercure pour rencontrer l’Étoile Rouge. Et ne savoir absolument pas où se trouve cette étoile. Elle examine les écrans. La partie de l'espace à découvrir est inconnue, par tous, par elle-même aussi. Elle doit à nouveau muer, se coucher, dormir et laisser les images l'envahir.
Elle flotte. Depuis des heures. Sa transformation est incroyable. Même pour les Robots. Devant tous, naît une pieuvre autour d'un halo d'eau. Impossible de toucher, de goûter le liquide, la pieuvre s'échappe constamment en se propulsant dans un autre coin. Elle change de couleurs, de silhouettes.
Supra intelligente, avec une mémoire exceptionnelle, elle se rapproche des hublots constamment. Elle se couvre dès lors de taches, de pustules, de petites cornes.
Personne n'ose l'approcher sous peine d'être aspergé d'encre. Comment la nourrir ? Aucun crabes, aucun coquillages....
Aucune alimentation ne peut lui être donnée.
Lâcher la pieuvre décomposée dans l'espace serait-elle plus douce à l'âme qu'un Robot en n'ayant aucune certitude de devenir étoile brillante ? Aimait-elle Aran au point de lui donner une dernière vision qui n'ait plus rien d'attirant.
L'intervention des Robots. Ceux-ci font barrière afin que personne ne puisse approcher Freebe. Ils ont compris. De quelque manière que ce soit, ils sauront quelle direction prendre.
Le vaisseau se rapproche de Mercure, des turbulences qui les propulsent d'un côté à l'autre des parois. Les combinaisons sont minces. Les humains ont mal mais se taisent.
Mercure apparaît. Les combinaisons sont prévues pour se protéger de la chaleur intense qu'elle dégage. Mais Freebe, dans sa bulle, comment va-t-elle réagir ?
Un morceau de bras tombe. Ils savent qu'ils approchent de la fin du voyage. La vitesse augmente encore, ils commencent à manquer d'oxygène. Freebe indique d'une tentacule la direction à prendre. Le vaisseau obtempère immédiatement. Des planètes inconnues apparaissent. Multicolores. Spectacle féerique. Un arc-en-ciel dans l'univers.
Aucun télescope ne les ont détectées, trop éloignées.
Aran regarde Freebe. Elle inspire la répulsion. Il se détourne, pas possible que ce soit sa Freebe à laquelle il a fait l'amour des heures durant où l'échange était physique et spirituel. L'un à l'autre. L'un dans l'autre. La transmission de pensées. Parfois, il entend faiblement sa voix : « Fais ta vie Aran, tu vas m'écarter de ta vie. »
Il est dans un désarroi profond. Des ondes de chaleur, de sueur le terrassent et l'oblige à s'asseoir. Il sent son cœur s'agiter, s'accélérer, jamais il n'oubliera Freebe. Pour la première fois, elle se trompe.
Freebe est la connaissance et le sentiment temporaire, lui est le sentiment. L'évidence lui saute aux yeux. Elle l'a aimé, il en est certain mais elle a aimé aussi l'humanité tandis que lui n'a aimé qu'elle.
Elle était sous sa protection et il a échoué. Il ne sait plus endiguer le cours des choses, plus moyen de faire marche arrière. Une fois la planète trouvée, elle sera une flaque gluante et lui, humain. Ne supporte plus de la voir ainsi. Il compte en heures, en minutes le moment où ils arriveront.
Envie d'y être, que ce cauchemar amoureux se termine.
Il s'endort, manœuvre des Robots qui connaissent ses sentiments.
Effervescences, bouches bées, sourires, peurs multiples. L'étoile rouge leur envoie des rayons vers lesquels ils sont propulsés. Nausées des humains, transformation des Robots, ils ont le visage plus lisse, plus serein.
Un d'eux prend la main d'Aran, le réveille. Une lumière blanche, encore lointaine apparaît. Ils atteignent leur but ultime. Impossible que cette planète ne soit pas celle qu'ils cherchent. Freebe se décompose de plus en plus et forme une masse gluante. L'odeur est irrespirable. Les Robots l'emballent doucement et la mette dans une cavité qu'Aran n'avait jamais vue. Tout avait été prévu.
Le tunnel blanc se dessine devant eux. Le vaisseau ralentit, s'avance dans un long blanchissement où aucune Étoile est. Blancheur immaculée, vierge, vide de signes de passage d'autrui.
Soudain, un autre monde, le monde qu'ils cherchaient. Des silhouettes évoluent, longues d'un mètre quatre-vingt-dix, filiformes, des yeux étranges, des bouches en-dessous des narines.
La vision de Freebe.
Ils n'ont aucun vêtements et les femmes se distinguent par des petits seins. Ressemblance absolue entre eux. Les enfants ont toutes leurs caractéristiques. Aucun moyen de les reconnaître, ils sont tous pareils.
C'est un cheminement vers l'égalité. Ils dansent plutôt qu'ils ne marchent. Émotion pure. Leurs bouches verdâtres sont un sourire, leurs mains aux trois doigts se tendent vers eux.
Des repas sont posés sur des corolles comme s'ils les attendaient. Amour, paix, sérénité....
Des bassins d'eaux aux couleurs mauves, d'arbres entrelacés entre eux, des maisons gigantesques dont la plupart semblent vides mais en excellent état. Et des plaines à l'infini d'une couleur jaune fluo. Le ciel, beige, le soleil vert.
Les Robots quittent le vaisseau. Un air pur, sans pollution aucune. Ils font signe aux humains de descendre.
Calme incroyable. Une sensibilité surnaturelle se dégage. Ils sont dans le respect profond de la nature, de l'être, de leur différence.Tout se découvre, tout est à portée de main.
Les êtres, les XOOERF, comme les appellera Aran, approchent. Aucune peur de part et d'autre. Seul le sentiment de découverte, de toucher, de se mêler à eux.
Aran n'est plus rien. Une absence.
Si sa Freebe voyait le résultat de sa réussite, humblement, il en est certain, elle s'approcherait d'eux et se collerait à eux en signe de reconnaissance. Elle était l'un d'eux.
Ils mangent ensemble. Délicieux mets aux saveurs totalement inconnues qu'ils ne savent pas définir. Les Robots continuent à se nourrir de pilules. Les XOOERF mangent avec leurs mains.
Les humains savent qu'ils s'adapteront facilement. Toutes les connaissances sont innées à ces habitants. Ils commencent à discourir en anglais, français... Ils parlent sciences, écologie, physique, mathématiques.... Tout leur est acquis, tout ce qu'ils ont à leur disposition sur la planète se transforme sous leurs mains. Ils les emmènent vers des habitations où sont soigneusement rangés des machines hautement plus puissantes que celles sur la terre. Mais sans vanité, sans orgueil.
Aran demande aux XOOERF si eux aussi peuvent se transformer et l'un d'eux a immédiatement une apparence humaine.
- Pourquoi Freebe, demande-t-il ?
- Elle était la plus douée, elle s'est proposée.
- Mais elle en est morte !
- Je sais, je suis désolé mais nous n'avions pas d'autres choix pour vous sauver. Nous avons une existence de vie de cent ans. Chez nous, elle avait quatre-vingt-dix-neuf ans
Que va-t-il faire dans ce monde qui n'est pas le sien sans Freebe. Il sait qu'il est l'homme d'une seule femme, qu'il ne saura jamais en aimer une autre, qu'il n'aura plus aucune envie de faire l'amour. Une solitude absolue. Retourner sur terre et rester là-bas sur une montagne à observer le monde et sans jamais en descendre ? Méditer sur ce qu'il a vécu, ses erreurs, ses bien-fondés ?Vie solitaire jusqu'à l'éclatement de la terre.
- Chez nous, nous avons des terroristes, des gens sans scrupules, des malfrats, des violeurs....
- Je sais. Ils ne viendront pas. Vous allez repartir avec une formule d'épuration, de non-conservation. Ce n'est pas à discuter.
- Et les menteurs,les fraudeurs...
- Nous y réfléchissons. Un espace clos d'où ils sortiront épurés.
- Ma vie sans Freebe, impossible. Je vous en prie, désagrégez-moi.
- Nous le savions. Une vie sans amour ne vaut pas la peine d'être vécue. Tous, ici, nous nous aimons sans partage, sans infidélité. L'amour total, l'amour qui nous fait vivre, sourire. Lorsque l'un de nous meurt, l'autre suit.
- Et les vaisseaux, demande un scientifique.
- Les Robots les construiront en un temps record, dix ans maximum.
- Et dix ans après, la destruction de la Terre...
- Nous repartons quand ?
- Quand vous le désirerez, reprenez d'abord des forces.




















Freebe, mon amour,

Ici, c'est un monde sans toi, sans aucun souvenir de toi.
Je t'aime comme l'absurde.
Tu es mon âme, ma vie, ma liberté, ma pensée.
Je me nourris de toi, tu es ma faim inextinguible.
J'embrasse chaque parcelle de toi, chaque molécule, chaque pensée, chaque souveraineté.
Viens me caresser les cheveux doucement de là où tu es.
Je t'aime.
A jamais.
Je suis ton humanité entière.
J'arrive, mon amour lancé vers toi, à l'infini















Une fumée rose s'élève. S'enroule, s'embrasse, s'étreint.

Les XOOERF ont tenu leur promesse.

Aran s'est dissout, s'en est allé rejoindre Freebe.

Où, personne ne le sait....

Peut-être que chacun ont retrouvé une partie infime de leurs pouvoirs pour flotter dans une autre galaxie.

Peut-être que la pluie est l'émotion de leurs retrouvailles.

Peut-être que le soleil est l'éclair de leur amour....

Peut-être sont-ils morts à jamais...













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